Context XXI » WWW » CONTEXTXXI Nº 2
Xana Barreiros

Images mélancoliques

Vie de chien ?

La vie est faite d’un nombre terrifiant de moindres trivialités et de funestes devoirs qui se traînent, se succèdent et s’accomplissent péniblement, jour après jour, mais dans ce vaste espace, qui a le mérite de ne pas être infini, il y a des moments d’une beauté étrange et singulière, fleurs sauvages qui surgissent soudain comme des mirages dans un désert insensé, et qui nous emplissent le coeur et les yeux, et parfois les vases fragiles de la mémoire, comme dans un grand cimetière qui célèbre la vie et non la mort.

Vienne

Ville fantôme où des ombres se promènent
Je te rêvais monumentale, tu m’as déçue provinciale
 
Ville étrange où les démons ressemblent aux anges
Ma berceuse d’enfance dût se contenter de peu, ton Danube n’est pas bleu
 
Ville triste aux vieilles pierres meurtries
ton charme est maladif, tes larmes infinies
 
Ville sirène qui appelle et détruit
tu vogues en silence au plus fond de la nuit
 
Ville désespoir où l’ennui se déchaîne
tu récites l’amour avec des cris de haine
 
Ville vestale aux allures impériales
tu te rêves orientale, mystérieuse, travestie
 
Ville blasée aux carrosses nonchalantes
tes vieilles dames renfrognées se plaignent tout le temps
 
Ville souci aux cafés embrumés
tu n’as que faire de demain, ton passé t’appartient
 
Ville berceau de la psychanalyse Freudienne
tu arbores le drapeau de ta sombre folie
 
Muse encore des poètes et mécènes
tu as su inspirer les écrivains maudits
 
Ville joyau des musiciens déchirés qui t’ont tant aimée
 
Ville trou noir où le temps t’est soumis
 
Vienne, port sans eau où l’ennui se déchaîne
 
Tu détiens le secret de ma mélancolie

Venise

Mon bonheur est dans ma souffrance, mon savoir dans mon ignorance, mon courage dans ma peur, et ma faute dans mon ignorance. Je ne joue à l’opacité que par amour de la transparence ; j’aime la bonté parce qu’elle est partout trahie, la vérité parce qu’elle m’est inconnue, la beauté et l’harmonie, ces fabuleux masques de tristesse qui m`nent au rêve...
 
Le rêve, parce qu’alors même qu’il se dénonce, seul peut nous rapprocher du bonheur.
 
Venise est un reflet de cette beauté, de cette tristesse, et pour cela ses rues sombres et le vert effacé de sa lagune m’ont éblouie comme une lumière aveuglante.
 
La beauté seule a ce pouvoir de me réconcilier à la vie, autant que de me la faire haïr.
 
Elle a plusieurs noms (parfois je l’appelle amour, parfois mélancolie). Elle me dévaste et me régénère comme un éclat de rire empreint de gravité ; et je crois de nouveau à l’unité des débris dont est fait ce monde, au silence des mots, et à l’éloquence de ce silence.

FORVM des FORVMs

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Publicité

Erstveröffentlichung im FORVM:
mars
1996
Autor/inn/en:

Xana Barreiros:

Licence de cette contribution:
Copyright

© copyright auteur de l’article

Diese Seite weiterempfehlen