La ville est lourde
La ville est lourdecomme la neigeet le temps tuetoutes mes habitudestoutes mes pierrestoutes mes amoursUne rayure sur un disquecrée des rythmes imprévusla neige danseet me salued’un clin d’oeil malhonnêteLa ville est lourdecomme un oiseauet les mots deviennent du fumieret les poubelles des oreilleset les yeux des fenêtresqui dormentAme inconnueparente de ma solitudeColombe grisesors de mon nidsors de tes rêvesLa ville est lourdecomme la poussièreEt sur des bancs en boisdes lémures en fourrures doréesfont leur siestetandis que des chiens chassentles derniers esprit libres et mystérieuxSur les pavésles cadavres de la suffisancetrahissent la poussière révoltéequi n’a plus la chance de revivreses habitudesses pierresses amourstuées par le temps
Nostalgie nocturne
Nostalgie nocturnegrand vide et grand silenceau fond des verres vidésla fumé qui s’enfuit doucementde tes fenêtress’introduit dans un désertde larmes et de pierresNostalgie nocturneles yeux fermés te voientfille noire du petit jourenfante jalouse de l’indifférencela bouche étonnée t’entendmême si tu t’es cachéedans une de ces usines abandonnéesdans un de ces ermitages surpeuplés
Mare de mes rêves
Mare de mes rêvesAme soeur perdue sur les pavésTes yeux sont bruns comme du caféet verts comme de l’absintheet noirs comme le cielMare de mes rêvesJe t’ai trouvédans une ruelle tristede Triestependant une nuit videet chaleureuseEt j’ai bu de ton jus saléMare de mes rêvesLe matin une brise vénitiennenous a effacée
Ma démarche
Ma démarcheest attirée par un pôlequi n’existe pasest consommée par une flammequi ne brûle pasest dévorée par une bouche ferméeet ressemble aux mots perdusdans le réseau téléphoniquedans les serpentins de la villeMa démarche est hésitanteet lente et se poursuitsur un chemin sans lignesElleest un souffle au bout de la nuitun griffon au fond des mes rêvesun soleil sur le ciel des mes cauchemarsMa démarche finira sûrementdans les baisers d’une main pâlequi aura dévoilé mes illusionset mes espoirs
Les silences et les mystères
Les silences et les mystèresde ma villes’étalent devant moicomme un livre ferméqui ne s’ouvre que lentementSes pagesune par uneforment un mondeni clos ni ouvertforment un mondecontinu, gris et gaiforment un labyrinthe vertdont les chemins sont décorésavec le bruitdes machines inconnuset avec les imagesd’un temps évanoui
Toi ma guitare qui repose
Toi ma guitare qui reposesur les montagnes de ma chambreJe ne te sais pas jouerJe n’ai jamais sucomment glisser ma main sur tes cheveuxPour sortir ta voixToi ma guitare qui reposesur les montagnes de ma chambreJe n’ai pas appris de te vivrede te rendre ivrede me soumettre à ton chantEt quand je te regardeTu pleures d’être endormieToi ma guitare qui reposesur les montagnes de ma chambreTu ressembles à ma vieQui comme toiest tombée dans une pièce blanchepour se perdre sur un sommet
La cicatrice du soleil
La cicatrice du soleiléjecte de la lumière qui se perdsur les couleurs de ma maisonLe chapelier enchanté se moquedes ombres qui tombentsur ses enfants humidescouchés dans la couret se moque des chaussuresqui reposent sur les pierresencore dormantesLa cicatrice du soleildécouvre les briquesmalades et fatiguéesles pavés en boisdécorés par le tempsles fenêtres cassés et cachéesderrière des visages de fleursLa lumière est un tapis décoratifpour les farceurs du jouret un besoin mortelpour les obsédés de la ville
Fantaisie
FantaisieVoix douce que j’entendd’où viens-tu ?Un murmure amoureuxd’une jeune femmene pourrait pas être plus beauque la vibration de ton souffleFantaisieVoix douce que j’entendVoix secrète des escalierset des vieux mursVoix d’un lacet voix d’un visage muetFantaisieTouche moi avec ta languecaresse moi avec les doigts de ton soupir
Enfouis-toi liberté
Enfouis-toi libertéEnfouis-toi avant que l’on t’attrapeMais nos mondes sont trop petitset les hasards sont trop fréquentspour être vraispour t’offrir l’asile nécessaireEnfouis-toi libertéprisonnière de mes doutesMême si mes frontièressont des serrures inébranlableJeu répétitif de mon espoirdépasses ces murspour détourner la logique du dénouementpour inverser les miroirspour finir avec mon errance contrôlée
Cintra
CintraQuand je rêve de toide tes montagnesde tes forêtsde tes palaisde ton soleil vertet de tes têtes en marbres inachevéesJe me sens coupablede ne pas être une pierred’un de tes corpsde ne pas être une fenêtred’une de tes facesde ne pas être un grain de sablesur la pâte d’un de tes chatsCintraQuand je rêve de toiMon âme se retrouvedans une de tes ruellesperdue comme un ange dans le paradisperdue comme un diable dans l’enfer
Tajo Danube
Tajo Danubefleuves qui m’emportentdans l’oubli dans le finifleuves sur lesquelles mes yeuxflottent comme des TitanicsSur vos rives poussentles fleurs en pierrequi font le mondede mes rêveset le mondede ma vieTajo Danubele Bairro Alto et sa sorcière vertele cimetière des sans-nomset ses Jésus argentésvous saluent comme des vieux amisme saluent comme des parents